Interviews
Antoine Miche “Incarner l’éco-supportérisme”
Entretien avec Antoine Miche, Président de Football Ecologie France, une association qui souhaite instaurer une pratique plus écologique du ballon rond à tous les niveaux.
Basée partout en France, Football Ecologie France souhaite faire du football un leader des enjeux de société que sont l’écologie et la solidarité. Président de l’association, Antoine Miche nous a partagé sa vision de l’expérience fan. Une expérience au stade qu’il espère voir plus verte.
Depuis juillet 2019, Antoine Miche préside les actions de Football Ecologie France au plus près des acteurs du ballon rond.
Football Ecologie France : une stratégie bien établie
Bonjour Antoine, pouvez-vous nous présenter votre parcours et votre mission au sein de Football Ecologie France ?
Je suis né dans le 93 et j’ai grandi dans l’univers du football. Actuellement je suis Directeur Financier à la Banque Postale et dans le Groupe La Poste depuis maintenant 12 ans, régulièrement actif sur des projets liés à la RSE. D’ailleurs, La Poste est reconnue comme l’entreprise numéro 1 mondial sur la RSE.
En 2007, j’ai été le Président-Fondateur du Réseau français des étudiants pour le Développement Durable (REFEDD) et depuis 2019 je suis le Président-Fondateur de Football Ecologie France. Mon champ d’actions dans l’association se résume essentiellement au développement, aux partenariats et à la structuration de l’organisation.
Quels sont les principaux objectifs pour Football Ecologie France à court et long terme ?
À court terme, notre objectif est la prise de conscience massive des acteurs et amateurs de football sur la question de l’écologie. Tout simplement parce que s’il n’y a pas de planète viable et de société stable, il n’y a pas de football. C’est pourquoi toute personne qui gravite autour de ce sport doit comprendre qu’un jour, tout peut s’arrêter. Le football a alors tout intérêt à se préoccuper sérieusement des enjeux écologiques, qui sont préalables à son activité.
À moyen-long terme, notre but est d’incarner l’éco-supportérisme. L’éco-supportérisme, c’est le supporter au sens large (un abonné, un dirigeant, une famille d’un joueur, un bénévole…) qui peut avoir une pratique écologique de son sport mais surtout peut contribuer activement aux actions écologiques de son club, de sa ville. L’impact positif des actions n’en sera alors que plus élevé.
Pour y arriver, nous créons des liens spécifiques avec des villes, des clubs et les acteurs du football en général. Nous les accompagnons sur les opérations et aujourd’hui nous sommes déjà plus de 200 personnes dans l’association, dont de nombreux experts, et partout en France.
Quels corps de métier retrouve-t-on au sein de l’association FEF ?
Les profils et compétences sont ceux que l’on peut voir dans toute organisation : les fonctions Supports (Finance, Développement, Communication, Marketing, etc.) puis les fonctions opérationnelles qui se déploient au sein de nos antennes géographiques. Elles accompagnent alors sur le terrain les clubs et leurs actions écologiques.
Ce qui fait notre particularité, ce sont nos membres qui sont à la fois passionnés de football et d’écologie. Grâce à ce croisement, nous avons une réelle expertise à apporter.
Quels clubs et institutions accompagnez-vous aujourd’hui ?
Il y a en beaucoup. Tout d’abord, nous travaillons très régulièrement avec le Toulouse FC. Le TFC a une fondation très active et notre but est de former les parties prenantes du club, dont les jeunes du club et de la ville de Toulouse.
“Les clubs amateurs sont pionniers dans de nombreuses actions plus innovantes et plus courageuses que certains clubs professionnels.”
Ensuite, nous accompagnons de nombreux clubs amateurs. Ils sont pionniers dans de nombreuses actions plus innovantes et plus courageuses que certains clubs professionnels. Il y a par exemple Saverne et Muttersholtz en Alsace, Loos-en-Gohelle dans les Hauts-de-France. Nous accompagnons aussi le FC Lyon, qui est le deuxième club amateur de France et qui a déjà une politique RSE bien établie. Le club se connecte avec les besoins et les envies des citoyens des quartiers environnants.
Quelles actions avez-vous déjà mises en place ?
Les actions sont variées car l’écologie englobe beaucoup de thèmes. Il y a la vie du club, son infrastructure et ses événements. À travers ces trois prismes, nous travaillons tous les enjeux écologiques : biodiversité, énergie-climat, gestion de l’eau, déchets, transports, alimentation, etc.
Il nous plaît de repenser un tournoi de football par exemple. Cela passe par une évolution de sa logistique et de l’apprentissage durant l’événement. Nous sommes aussi très sollicités sur l’évolution de l’infrastructure sportive afin de rendre les stades plus économes, plus accessibles et moins polluants (eau, énergie, pesticides, transports, etc.)
Nous dialoguons aussi avec les instances du football locales et nationales afin qu’il y ait une ambition élevée et cohérente par rapport aux urgences. Notamment à travers le PEF (Programme Educatif Fédéral) de la FFF dans lequel trois axes nous intéressent : la santé, l’environnement et la citoyenneté. Nos actions alimentent pleinement ces trois axes ce qui permet aux clubs d’être davantage reconnus par la FFF.
Vers une expérience fan plus verte et responsable
Vous terminez actuellement une consultation nationale sur l’avis des fans de football vis-à-vis de l’écologie. Selon vous, sont-ils devenus sensibles à ce sujet ?
La consultation est disponible sur notre site Internet et s’adresse à tous les Français. Un citoyen fan de football est d’abord un citoyen. Pour preuve les résultats des élections municipales qui sont sans équivoques. Les citoyens demandent du changement, de l’écologie dans leur quotidien.
“On constate une re-connection entre le fait d’être citoyen et le fait d’être fan et/ou pratiquant.”
Chaque citoyen a ensuite des passions et des préférences et nous remarquons que les individus souhaitent agir sur l’écologie dans le football. Globalement, nous constatons une re-connexion entre le fait d’être citoyen et le fait d’être fan et/ou pratiquant.
Les premiers résultats de notre consultation reflètent bien cette tendance et un lien fort avec la solidarité. Dans 99% des cas, les actions écologiques répondent à des enjeux de solidarité, de cohésion sociale, ce qui importe beaucoup dans le football et le sport en général.
Les clubs de football en France (professionnels et amateurs) ont-ils pris conscience des enjeux écologiques en mettant notamment en place une véritable stratégie RSE ?
Les clubs amateurs sont très sensibles à l’éducation, aux valeurs, donc aux enjeux de société comme ceux actuellement liés à l’écologie. Dans les clubs professionnels, il s’agit souvent d’une prédominance des enjeux économiques et l’écologie est encore trop souvent secondaire malgré le fait que l’Environnement détermine entièrement leur activité professionnelle (ex : Covid-19, inondation, tempête, canicule, sécheresse, etc.).
Au final, l’écologie n’est pas vécue de la même façon entre un club professionnel et un club amateur.
Par ailleurs, le lien avec la collectivité, qui engage plus ou moins les clubs sur ce sujet, est aussi différent, notamment à travers la propriété du stade et les subventions annuelles. Un club professionnel est plus indépendant vis-à-vis de sa collectivité.
Aujourd’hui, les clubs professionnels mettent plus de moyens et d’ambitions sur la RSE. Néanmoins, ils ont 15 à 20 ans de retard sur ce sujet en tant qu’entreprise. L’objectif est donc que les clubs professionnels rattrapent ce retard et intègrent la RSE dans leur stratégie, dans leurs opérations, pour développer de la “valeur partagée” et mieux nourrir leurs parties prenantes (villes, supporters, clients, sponsors, etc.) si importantes pour leur éco-système et leur activité.
“Aujourd’hui, les clubs professionnels mettent plus de moyens et d’ambitions sur la RSE.”
Du côté des clubs amateurs, l’envie est forte mais les moyens sont minces. Le but est donc de mettre en place des choses simples et très pragmatiques.
Quels sont les leaders à suivre en France sur la RSE ?
Il y a l’Olympique Lyonnais par exemple, qui a récemment dévoilé un partenariat avec son sponsor historique Veolia. Le projet est engageant et implique des joueurs et joueuses notamment.
Retrouvez tous les détails de l’engagement pris en faveur de l’environnement par l’OL et Veolia : https://t.co/odWQThfSgR
— Olympique Lyonnais (@OL) June 5, 2020
Il y a aussi Amiens SC qui s’est positionné sur le 0 déchet. Le LOSC également avec son ambition d’être neutre en carbone. Le PSG a lui des ambitions internationales sur le sujet. Il faut également compter sur l’OM, l’ASSE et les Girondins de Bordeaux qui, à leur manière, travaillent progressivement sur la RSE.
La majorité des clubs ont une Fondation ou un fonds de dotation qui oeuvre sur la RSE. Cela les aide à se structurer et à lancer des actions variées et visibles.
Malgré le retard du football français, il y a du positif. Il faut s’appuyer sur ces exemples pour progresser. D’autant plus que le cadre est idéal avec un ministère des Sports, une LFP et la FFF qui s’intéressent à la RSE et proposent un cadre favorable. Le championnat français est dans le top 5 européen donc nous avons les moyens d’agir.
Pour un club, la RSE est-elle un levier majeur pour renforcer son “image de marque” et également pour satisfaire ses fans ?
La RSE est décisive. Elle permet de se questionner, d’innover et de se différencier. L’exemple de l’AS Monaco est intéressant avec la gestion de sa pelouse zéro pesticide et économe en eau. Le club est mis en lumière dans différents médias et cela développe son image.
“La RSE doit être inclue dans la stratégie globale d’un club et doit concerner l’ensemble des pôles et en permanence.”
Pour arriver à ce résultat, la RSE doit être inclue dans la stratégie globale d’un club et concerner l’ensemble des pôles et en permanence. Parce que si la RSE est faite au coup par coup, il y aura un manque de cohérence et juste de l’opportunisme décrié.
Dans quelles mesures un stade éco-responsable peut-il améliorer l’expérience des fans ?
Si l’expérience proposée au stade est proche des aspirations du fan, qui est un citoyen qui s’intéresse un minimum à l’écologie, cela crée un plus. Un fan ou un potentiel spectateur sensible à l’écologie sera plus à même d’aller au stade si le club prend position et agit sur le sujet. Il y a une forme de réciprocité des valeurs et des actions.
Pour rendre l’expérience fan meilleure d’un point de vue écologique, il y a de nombreuses possibilités : tri ludique des déchets, alimentation locale et responsable, financement de causes spécifiques, etc. Ces actions temporaires renforcent la connexion entre un club et son fan.
Quelle serait l’expérience spectateur écologique et solidaire idéale pour un fan de football ?
Prenons l’exemple de l’alimentation, qui est l’occasion de proposer une expérience gustative responsable et dépaysante, tel un hamburger végétarien issu de l’agriculture locale et biologique. Pour créer de l’émotion il faut surprendre et cela changerait vraiment du snack classique! (lien vers article 5 idées écologiques)
Sur la question des transports, il existe StadiumGO la solution de covoiturage entre fans qui ne se connaissent pas. Ce qui offre une expérience originale de partage entre fans et qui diminue par 2 ou 3 l’impact carbone du trajet en voiture !
Enfin, un autre exemple, celui du financement d’une cause écologique et/ou solidaire durant un match ou un événement. C’est l’occasion de donner un vrai plus à l’événement à travers des valeurs d’intérêt général et un objectif collectif précis où chacun contribue.
Vous menez actuellement une campagne de crowdfunding pour financer la réalisation d’un serious game destinés aux différents acteurs du football (dirigeants, staff, joueurs/joueuses, bénévoles, fans…). Est-ce que les activations ludiques sont la meilleure solution pour sensibiliser à l’écologie, notamment auprès des supporters ?
Notre serious game “La Fresque Écologique du Football” est un atelier ludique et collaboratif d’1h30 pour adultes ou enfants permettant de comprendre tous les enjeux écologiques et les solutions associées dans le football.
L’aspect ludique dans l’apprentissage est de loin la meilleure solution pour co-construire et intégrer facilement des notions nouvelles. En jouant, l’état d’esprit est différent et les messages sont mieux intégrés grâce à la pédagogie active.
En cette fin de semaine, nous approchons les 6500 € de dons, encore merci pour votre implication dans cette campagne ! 💪
Atteignons les 100% afin de permettre à la #FresqueFEF de voir le jour et d’être rapidement déployée en France. 🎯🇫🇷https://t.co/GNmGjP3Lah
— Football Ecologie France (@FootEcologieFr) July 3, 2020
Peut-on voir le modèle de Football Ecologie Ecologie France évoluer sur d’autres sports ?
Tout à fait, nous allons faire évoluer le modèle vers d’autres sports. Nous sommes déjà sollicités par de nombreux acteurs hors du football. Toutefois, comme le football est le sport numéro un, il doit montrer la voie autant que possible.
Aujourd’hui, notre priorité est le football car c’est le sport le plus populaire au monde mais demain il s’agira d’accompagner sur l’écologie tous les sports. Certains sports, comme les sports de plein air, le rugby ou le tennis, sont déjà actifs sur l’écologie, mais c’est un travail de longue haleine et qui mobilise des connaissances et des compétences bien spécifiques.
Pensez-vous que les JO Paris 2024 représenteront un tournant clé dans la transition écologique du sport français ?
L’événement sera un sommet pour de nombreux projets de long-terme. Dans les quatre années qui vont précéder Paris 2024, la RSE va de plus en plus irriguer les activités sportives et générer des innovations. Je souhaite que ces Jeux Olympiques et Paralympiques soient l’illustration parfaite de toutes les volontés et de la progression incontournable des enjeux écologiques dans la société.
Merci pour toutes ces réponses Antoine sur le travail réalisé avec Football Ecologie France. Dernière question pour finir, quelle est votre définition de la fan experience ?
Pour moi c’est un moment d’excitation qui fait écho aux émotions, aux valeurs personnelles et à la rationalité d’une personne. C’est une sensation qui se vit avec le cœur et avec la tête, et aussi une expérience qui apporte du sens lorsque nous allons au stade.
Je pense aussi que l’expérience fan s’amplifie avec l’émulation collective. Le souvenir personnel n’en sera que plus fort, surtout si les amis et la famille y participent car les liens affectifs décuplent les instants de joie.
Merci à Antoine Miche de Football Ecologie France pour cet échange enrichissant autour de l’écologie et la RSE. On espère voir de nombreux clubs de football français suivre le mouvement lancé par l’association FEF !
Vous pouvez consulter toutes nos interviews dans l’onglet Interview sur notre site. Si vous êtes un professionnel du sport business et que vous souhaitez échanger sur le sujet de l’expérience des spectateurs, vous pouvez nous écrire sur hello@fanstriker.com ou sur chacun de nos réseaux sociaux.
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Interviews
“J’ai été étudiant ambassadeur pour l’OL”
Nous avons rencontré un ancien étudiant ambassadeur de l’OL qui nous explique son rôle pour se rapprocher de la communauté étudiante.
Le club de football de l’Olympique Lyonnais a misé sur la stratégie d’ambassadeurs étudiants pour toucher plus directement cette communauté.
Depuis plusieurs saisons l’Olympique Lyonnais recrute des étudiants en CDD pour une mission d’ambassadeur du club dans l’optique de s’adresser directement aux jeunes étudiants de la région. Nous avons échangé avec Mathieu, un ancien ambassadeur de l’OL qui nous partage son rôle et les missions qu’il a mené.
Salut Mathieu, dans cette interview nous allons évoquer ensemble ton précédent rôle d’ambassadeur étudiant de l’OL. Avant ça, peux-tu te présenter ?
Salut Fanstriker, je m’appelle Mathieu, j’ai 20 ans et je suis étudiant en 3ème année de Génie Mécanique à l’INSA Lyon. J’adore faire du sport avec mes potes, m’investir dans des projets et des associations du campus, aller soutenir l’OL au stade. Plus tard, j’aimerais relier mes études d’ingénieur et ma passion pour le sport donc pourquoi pas travailler dans le sport automobile. Et j’ai donc été ambassadeur étudiant de l’OL de fin Août 2021 à Mai 2022, quasiment sur toute la saison 2021-2022.
Avant de rentrer dans les détails du rôle que tu avais, que penses-tu de ce concept original que l’Olympique Lyonnais a mis en place avec les ambassadeurs étudiants ?
C’est un concept génial, ça permet aux étudiants d’aller voir des matchs à petits prix, d’aller soutenir l’équipe de la ville. Je trouve que ça rapproche le club et les étudiants. C’est vraiment bien. C’est cool de pouvoir voir un si haut niveau de football pour moins de 10€ quand on est étudiant et qu’on suit ce sport.
“C’était un rêve pour moi de pouvoir représenter le club que je supporte, alors en faire la promotion tout en étant rémunéré, c’était un job étudiant hors du commun.”
Comment as-tu eu connaissance de cette possibilité de devenir ambassadeur étudiant de l’OL et qu’est-ce qui t’as plu à l’idée de le devenir ?
C’est une amie qui était au BdE (bureau des étudiants) de l’INSA qui a reçu l’offre de recrutement d’ambassadeur de l’Olympique Lyonnais par mail. Elle savait que j’étais fan de football et de l’OL alors elle me l’a transmise. C’était un rêve pour moi de pouvoir représenter le club que je supporte, alors en faire la promotion tout en étant rémunéré, c’était un job étudiant hors du commun.
Tu as donc candidaté pour l’un des 4 postes. Comment s’est passée l’étape de sélection ?
Pour candidater, il fallait envoyer son CV et une vidéo de motivation. Honnêtement, j’avais un peu peur de faire une vidéo de motivation, surtout de comment j’allais rendre devant la caméra, ce n’est pas un exercice facile (rire). Mais finalement, j’ai surmonté ça et je suis plutôt content du résultat. J’ai fait une vidéo assez simple où j’expliquais ce que je faisais dans la vie et pourquoi le poste m’intéressait. Après cette étape, il y a eu un entretien avec le responsable B2C du club, Nathan Constancias qui gère ce programme d’ambassadeurs étudiants.
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Et l’intégration à ton arrivée ?
Le responsable du projet au club, Nathan nous a assigné une liste d’écoles lyonnaises à contacter pour diffuser les offres. Chaque étudiant ambassadeur avait sa propre zone. Ensuite nous avions carte blanche pour contacter les BdE et BdS. Chaque ambassadeur disposait d’une adresse email officielle de l’OL. C’était donc plus crédible dans les échanges avec nos interlocuteurs.
Nous travaillions ensemble pour discuter des offres mises en place par l’OL mais sinon on avait chacun notre zone et on travaillait individuellement. Dès que l’un des 4 ambassadeurs avait une question ou qu’il y avait besoin d’une précision nous échangions par mail ou via Whatsapp avec Nathan. C’était vraiment régulier et ça fonctionnait très bien.
Quelles actions as-tu mené dans le cadre de cette mission d’ambassadeur étudiant de l’OL ?
Concrètement, mon rôle et celui des autres ambassadeurs était de démarcher des BdE/BdS via les réseaux sociaux, notamment via Instagram pour leur communiquer les offres billetterie que le club propose aux étudiants. Ensuite, les BdE/BdS se chargeaient de les relayer sur leurs réseaux sociaux via des publications et des stories, pour en faire profiter directement les étudiants. Chaque offre comportait le code de l’ambassadeur du club concerné. En effet, chaque ambassadeur disposait d’un code “promo” personnel qui était renseigné par les étudiants au moment de leur commande sur la billetterie de l’OL. De cette façon le club pouvait relier une vente à un ambassadeur.
J’ai également fait quelques opérations de flyering (ndlr : de distribution de flyer de promotion), j’ai travaillé sur un concours pour gagner un maillot dédicacé, et j’ai travaillé sur de nombreuses offres de places lors de gros événements étudiants comme le TRAMS de l’ENTPE, le WEI INSA, le Challenge Centrale Lyon, des tombolas à l’EM etc.
Tu l’as dit, tu contactais les BdE et BdS via Instagram. Tu as d’ailleurs un compte Instagram dédié à ce rôle d’ambassadeur, est-ce le club qui t’a incité à développer des réseaux sociaux spécifiques ?
Non le club ne nous a pas tant encouragé, on devait dans tous les cas diffuser nos offres aux BdE et les réseaux sociaux étaient le moyen le plus simple pour entrer directement en contact.
Ce job d’ambassadeur étudiant est à temps partiel en CDD.
Oui, c’est un CDD de 20h par mois avec une rémunération fixe minimum de 220 € brut par mois et une prime de 1€ brut par place vendue supplémentaire (pouvant aller jusqu’à 700€ brut). Donc plus on arrivait à vendre des places plus on pouvait avoir de prime.
“C’était une expérience de dingue, je recommande à 1000%.”
Cette expérience est maintenant terminée, qu’est-ce que cela t’a apporté ?
Cela m’a permis de découvrir un cas concret complémentaire à la théorie de mes études. Puis aussi de me rapprocher du club que je supporte, d’apprendre à démarcher des gens, développer des compétences dans la communication et un peu dans le marketing. C’était une expérience de dingue, je recommande à 1000%.
Pourquoi selon toi, l’OL a mis en place ce concept d’ambassadeur étudiant ?
Selon moi, l’objectif est de cibler directement la communauté étudiante et de remplir le 3ème anneau du stade (la tribune supérieure), ça fonctionne plutôt bien pour les bonnes affiches et ça fait toujours un peu plus de monde pour les plus petites affiches. Il y a aussi une volonté du club de se rapprocher de la ville, de créer une atmosphère OL les soirs de matchs et ça passe par la cible étudiante. En plus des bars partenaires (Les Comptoirs Rouge & Bleu) qui ont été créés cette année, l’OL veut créer cette ferveur lyonnaise quand l’équipe gagne et peut jouer des titres.
“Ceci a permis (au club) de vendre plus de places et de faire découvrir le club, le stade, le football à de nouvelles personnes : les étudiants.”
À ton avis, qu’est-ce que cela a apporté au club ?
Je pense que ceci leur a permis de vendre plus de places et de faire découvrir le club, le stade, le football à de nouvelles personnes : les étudiants. Ce sont des fans potentiels en plus qui viennent rejoindre la communauté de l’Olympique Lyonnais.
Quelles idées d’améliorations pourrais-tu suggérer au club ?
Une chose que j’ai remarqué qui peut être améliorer concerne la quantité de place sur une seule commande. Le nombre de places maximum que nous pouvons acheter sur la billetterie avec le tarif étudiant est limité à 6 places. C’est un peu restreint si les étudiants sont en groupe plus nombreux. Il faut donc passer plusieurs commandes.
Je pense qu’augmenter la réservation à plus de 6 places sur le tarif étudiant peut être intéressant pour que les groupes d’écoles qui viennent en masse puisse passer une seule commande plutôt que plusieurs de 6 billets.
Dernière question, quelle est ta propre définition de la fan expérience ?
L’expérience que l’on va vivre en allant au stade et je pense que les ambassadeurs OL contribuent à ce que de nombreuses personnes vivent leur première fan expérience au Groupama Stadium.
Si vous voulez obtenir plus d’informations sur le rôle d’ambassadeur étudiant de l’OL vous pouvez vous rendre sur la page dédiée sur le site du club.
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Constant Deram (MEHB) : “La qualité du message nous importe plus que les chiffres”
Nous parlons du métier de Responsable de Communication avec l’étude de cas du Massy Essonne Handball, club de Proligue.
Lorsqu’on est le Responsable Communication d’un club, on est amené à toucher à tout. Visibilité, image et engagement, tous les objectifs liés au marketing sont effectivement concernés au même titre que les différents canaux de communication qu’il faut savoir maîtriser.
Pour parler de ce métier de “Couteau Suisse”, nous avons le plaisir de recevoir Constant Deram, Responsable Communication au Massy Essonne Handball (MEHB). Un échange à retrouver en podcast, ou à l’écrit ci-dessous.
(Episode également disponible sur Apple Podcast)
Le métier de Responsable Communication
Bonjour Constant, peux-tu nous présenter ton parcours depuis tes études jusqu’au MEHB ?
Originaire du Nord, j’ai fait toutes mes études à Lille. J’ai d’abord obtenu une Licence en média, culture et communication à l’Université Catholique de Lille. J’ai ensuite enchaîné avec un Master en Marketing et Communication à Esupcom en alternance. Ces deux dernières années m’ont permis d’entrer d’une manière concrète dans le monde du travail grâce à ce rythme soutenu entre l’école et l’entreprise. Après mes études, j’ai travaillé pendant un an dans un environnement startup.
Néanmoins, mon objectif a toujours été d’évoluer dans un club. J’ai alors rencontré le MEHB pendant l’été 2020 et ils m’ont donné ma chance. Je suis donc au club depuis le début de la saison 2020/2021 !
En tant que Responsable Communication d’un club professionnel, quelles sont tes principales missions ?
Mes missions sont très variées. Il y a tout d’abord la création de contenu et la communication digitale. Ensuite, il y a l’événementiel qui reste un pôle important malgré la crise sanitaire. Les matchs nécessitent toujours une certaine organisation en interne. Toute la partie partenariat fait également partie de mes missions afin de mener à bien les relations avec nos partenaires via des activations notamment.
La structure du MEHB est globalement associative. Il faut donc aussi faire preuve d’une grande polyvalence car les journées ne se ressemblent jamais. Ce qui est très stimulant !
À ton arrivée au club en début de saison, quels sont les projets que tu as identifiés à court et long terme ?
Le club avait un certain retard en communication digitale. Le principal chantier était donc de le combler et de rentrer rapidement dans les standards des autres clubs professionnels de la Ligue Nationale de Handball. Cela est passé par une nouvelle stratégie digitale, un nouveau site internet et une augmentation de la fréquence de publications sur les médias sociaux.
Le tout, en restant en autoproduction. C’est-à-dire que tout est créé en interne. Nous sommes actuellement deux à gérer ces sujets dans l’équipe communication du club.
Aujourd’hui, il y a encore une belle marge de progression mais nous n’avons plus à rougir de la qualité de nos contenus. Nous sommes globalement fiers de l’évolution de notre communication depuis le début de la saison. Désormais, nous essayons d’être meilleurs chaque jour et d’innover au mieux.
Quelles sont les principales compétences à avoir pour exercer ton métier ?
La principale compétence à avoir selon moi, c’est la curiosité. Il est essentiel de constamment s’informer. À titre d’exemple, je me renseigne beaucoup sur TikToK en ce moment afin de déterminer si la plateforme pourrait intéresser le MEHB ou non. Personnellement je n’utilise pas ce réseau, peut-être parce que je ne suis pas dans la cible, mais il faut néanmoins faire l’effort de s’y intéresser et d’imaginer des contenus à créer.
Une autre compétence à avoir, c’est la polyvalence. Lorsqu’on évolue dans un club, notamment dans une petite structure, on est amené à toucher à tout. Il est donc important d’être flexible et force de proposition.
La veille est primordiale lorsqu’on est Responsable Communication, quelles sont tes sources d’information au quotidien ?
Effectivement la veille est hyper importante. C’est un réflexe qui doit être naturel je pense. La première chose que je fais dans ma veille, c’est de suivre les autres équipes du championnat, des autres divisions et des autres pays. Il est également intéressant de suivre les clubs d’autres sports car ils sont aussi une source d’inspiration. En plus de cet environnement sportif, je suis également des médias spécialisés dans le sport business afin de comprendre l’évolution du marché.
Aussi, et je peux difficilement m’en passer, je suis un accro de Twitter. C’est un excellent outil pour suivre l’actualité en temps réel et rester connecté à tout ce qu’il se passe d’une manière générale.
Quels outils utilises-tu pour réaliser le contenu du club ?
J’utilise essentiellement la suite Adobe. C’est selon moi la solution la plus complète pour auto-produire de la vidéo et des visuels.
Il y a aussi toute la partie matériel. Le club est conscient qu’il est important de s’équiper avec des outils de qualité et est prêt à investir dans la mesure du possible. Sur cette partie-là, nous sommes aussi très bien accompagnés par la LNH. La Ligue a effectivement fourni un kit complet de tournage via smartphone à l’ensemble des clubs. Ce qui est idéal pour progresser et travailler dans un environnement ambitieux.
Analyse de la communication du MEHB
L’ambition du MEHB est d’être “Le club qui fait grandir”. Quel est l’objectif majeur du club dans sa communication ? Et comment en mesures-tu la performance ?
Effectivement notre positionnement est : “Le club qui fait grandir”. C’est même un état d’esprit. Notre but est d’accompagner tous les acteurs et jeunes du club à devenir des femmes et des hommes de valeur.
L’objectif de communication derrière ça est avant tout un objectif d’image avec l’envie de valoriser le club dans son ensemble. C’est-à-dire que nous souhaitons mettre autant en avant les pros que les amateurs. C’est une spécificité à Massy puisque nous avons décidé de ne pas distinguer la partie associative de la partie professionnelle. Bien évidemment, les objectifs liés à la notoriété et l’engagement sont aussi concernés à moyen et long terme.
Les principaux indicateurs que nous suivons sont classiques. Nous sommes attentifs à la taille de nos communautés sociales par exemple. Néanmoins, les chiffres ne sont pas décisionnaires de nos choix. Pour nous, c’est le message qu’on va réussir à transmettre qui importe le plus même si aujourd’hui, en raison du huis-clos, il est difficile de sentir l’impact de nos actions dans la vie réelle.
Malheureusement l’expérience in-stadia, donc au Centre Omnisports Pierre de Coubertin, est encore inaccessible pour les fans du club. Est-ce que vous vous préparez au retour des supporters avec le lancement de nouvelles activations ou bien de nouveaux services ? D’autant plus qu’à titre personnel, tu n’as pas encore pu apprécier l’accueil du public depuis ton arrivée au club.
C’est clairement l’expérience qui me manque le plus. Je suis arrivé en début de saison lorsqu’on avait encore une jauge limitée avec un protocole sanitaire strict. Je n’ai donc jamais connu un match à domicile dans une configuration normale.
Bien évidemment, on prépare avec impatience ce grand retour des fans ! On anticipe au mieux les animations à venir et nos services VIP, tout en gardant en tête les restrictions sanitaires qui devraient perdurer. L’inconvénient pour nous, c’est que nous partageons notre infrastructure avec d’autres clubs locaux à Massy. Ce qui peut limiter nos actions comme la personnalisation des lieux. Mais ça fait partie du jeu et de cette fameuse adaptation dont on parlait.
La saison prochaine, le MEHB va fêter ses 60 ans. Ce sera le fil rouge de la saison et on souhaite le faire vivre pendant les matchs à domicile via différentes animations. On croise donc les doigts pour que le public puisse revenir rapidement au Centre Omnisports Pierre de Coubertin !
Un petit mot sur le live des matchs qui doivent représenter un grand enjeu pour vous dans le contexte actuel. Comment vous êtes-vous préparés en interne pour mener à bien cette retransmission ? Et comment à titre personnel tu t’es formé au métier de commentateur sportif ?
La diffusion des matchs est effectivement capitale. Elle permet de garder le lien avec nos fans et de continuer à proposer des solutions de visibilité à nos partenaires. Pour mener à bien ce projet, nous avons collaboré dans un premier temps avec une société de production locale avant d’auto-produire les lives.
Le live était quelque chose de tout nouveau pour le club. Avant la crise, nous n’avions pas l’autorisation de la LNH pour diffuser les matchs. C’est désormais le cas depuis le second confinement de l’automne dernier. Nous avons tout appris sur la retransmission au fil des premiers directs et ce fut hyper enrichissant pour nous. Le club a investi dans du matériel et s’est donné les moyens de proposer un contenu de qualité.
Concernant le métier de commentateur, je ne l’ai pas tellement appris. Je commentais beaucoup mes matchs sur FIFA quand j’étais plus jeune donc je m’en suis inspiré (rire). Le commentaire sportif m’a toujours plu et aujourd’hui c’est génial de le pratiquer sur un cas concret. Nous essayons de le faire de la manière la plus pro possible en s’informant au maximum sur le match, notamment sur l’équipe adverse que nous ne connaissons pas toujours par cœur. Il est également important pour nous de ne pas se mettre une énorme pression afin que le rendu soit naturel et spontané. Après plusieurs lives on peut le dire, c’est devenu notre péché mignon à Nathan (Chargé de Communication) et moi car on se régale à faire ça !
Une fois la crise passée, j’espère pouvoir continuer la diffusion des matchs. Non pas parce que ça nous plait, mais parce que c’est un vrai plus pour les fans qui ne peuvent pas se déplacer. C’est aussi un canal supplémentaire pour nos partenaires qui souhaitent communiquer.
En tant que communicants au MEHB, vous vous adressez aussi aux partenaires du club. Votre ambition est d’avoir une relation gagnant-gagnant avec eux grâce à de la visibilité ou bien à des campagnes marketing personnalisées. Quelle est globalement la stratégie de communication B2B du club ?
C’est une partie essentielle pour le club puisque nos partenaires contribuent grandement à son développement. Notre volonté, comme beaucoup aujourd’hui, est d’avoir une approche personnalisée avec eux. C’est-à-dire que nous souhaitons progressivement sortir de la visibilité traditionnelle qui s’essouffle un peu, afin de proposer des activations innovantes, digitales, originales et qui surtout, correspondent au profil du partenaire.
Par exemple, nous avons récemment réalisé une “opération gourdes” avec l’un d’entre eux. L’objectif était alors d’affirmer notre positionnement éco-responsable avec l’envie de supprimer le plastique à usage unique au MEHB. Pour cela, nous avons rempli une tribune de gourdes co-brandées en collaboration avec un partenaire, EUROCOM, qui nous a aidé à communiquer sur l’opération. Cette dernière correspondait aussi à ses valeurs et son métier de fournisseur en équipements pour les entreprises.
L’intérêt est donc de solliciter nos partenaires sur des sujets de long terme. C’est notamment le cas sur des sujets sociaux où l’on propose avec certains d’entre eux des séances de sport adaptées en Ehpad ou bien auprès de diabétiques.
En ce qui concerne les campagnes marketing, là aussi nous essayons de les personnaliser au maximum. Par exemple, il serait difficile de proposer une campagne de récolte de données à un petit commerçant qui n’aurait pas les ressources nécessaires pour maîtriser cette donnée. Nous proposons dans ce cas des opérations sur-mesures où le partenaire se sent concerné. Cela demande un suivi intensif de notre part, mais nous savons que c’est essentiel pour créer une relation pérenne avec nos partenaires.
La Ligue Nationale de Handball joue un rôle important dans la communication des clubs de première et seconde division. Comment la Ligue vous accompagne d’un point vue stratégique et opérationnel ?
Nous avons des rendez-vous réguliers avec la Ligue. Ils savent qu’une valorisation individuelle des clubs permettra de valoriser l’ensemble du championnat. La LNH est donc très proactive sur les sujets liés à la communication. Comme évoqué précédemment, ils ont fourni du matériel ou bien accordé des autorisations de retransmission.
Ils font quelque chose de très bien également pour la retransmission des matchs de la Lidl Starligne (1ère Division). L’ensemble des rencontres qui ne sont pas retransmises sur beIN Sports sont live streamées sur YouTube. Ce qui offre une belle visibilité au championnat.
Je pense que la LNH va dans le bon sens. Son objectif est d’avoir des clubs ambitieux au sein de ses championnats et elle se donne les moyens pour. Nous sommes très satisfaits de cet accompagnement !
Enfin, la question de fin habituelle, quelle est ta définition de l’expérience fan ?
J’ai réalisé mon mémoire sur le sujet donc je pourrais en dire beaucoup (rire). Mais si je dois faire court, l’expérience fan est un concept global qui regroupe de nombreux facteurs stratégiques tels que la communication digitale, la billetterie ou l’animation en jour de match. Cela englobe aussi des choses plus concrètes comme l’accueil du public, la restauration ou bien les infrastructures.
Il faut lier l’expérience fan à l’expérience client que l’on retrouve dans les grandes surfaces et magasins. Car c’est l’ensemble des contacts qu’un fan a avec son club qui va bâtir cette expérience fan. La finalité est que le public vive un moment qui dépasse l’événementiel sportif et qui soit satisfaisant dans tous les cas.
Merci à Constant Deram du MEHB d’avoir partagé son expérience et sa vision de la communication.